Le temps filait. Ça durait depuis 5 minutes maintenant et je comptais y mettre terme avant que nous ayons dépassés le parc. J’avais repris ma voiture et je roulais à vive allure, comme je l’avais prévu il rentrait dans le parc alors je m’arrêtais sec et sorti de la voiture. Je montais par-dessus une sorte de grilles qui longeait le parc, car aucune entrée n’était à proximité. Je regardais à gauche, je regardais à droite, je le cherchais du regard comme un prédateur le fait avec sa proie. Puis je l’aperçu près de la fontaine au milieu du parc. Je me mis à courir à toute vitesse, je sautais par-dessus des bancs j’évitais des couples d’amoureux qui faisaient des pique-niques ainsi que des familles. Je commençais à me rapprocher de lui, je sortais mon taser afin de le calmer un bon coup une fois que je l’aurais rejoint. Mais c’est à ce moment précis que tout se compliqua. Cette personne que je poursuivais, c’était quelqu’un de célèbre dans le coin, un arnaqueur qui se spécialisait dans l’arnaque immobilière de personnes âgées. Il leur vendait des propriétés mal situés ou rempli de vices cachés à des prix de villas dans les quartiers dorés de Miami et la de la Côte Ouest. Quoi qu’il en soit ce n’est pas ça mon problème, j’avais été engagé pour l’arrêter et jusque-là, malgré les complications, tout se passait très bien. Mais à ce moment précis une voiture se plaça devant la sortie, la portière ouverte pour que ma cible puisse s’enfuir. Encore là les choses auraient bien pu se passer, mais la personne qui conduisait la voiture et bien… c’était Anivia. Je figeais complètement, je perdais mes moyens, j’échappais même mon taser sur mon pieds alors c’est moi qui goûta à ce que j’avais prévu pour cette enflure. J’étais détective privé, mais parfois j’avais des allures de chasseurs de primes à l’époque du Far West. On me donnait le nom d’un vilain et on me disait quel traitement lui réserver, et j’exécutais. J’exagère, mais bien que j’étais un homme de loi je m’étais toujours donner le droit de passer outre la loi pour mettre les méchants à leur place. Et bien que maintenant j’étais un détective je le faisais toujours. Quoi qu’il en soit, c’est moi qui avais goûté à ma propre médecine et je m’étais écroulé au sol. Je regardais la voiture filer, mais Anivia n’était plus dedans. Je la voyais devant mes yeux, elle s’avançait vers moi.

Je détestais ce sentiment d’impuissance qui m’envahissait en présence d’Anivia. Surtout que je ne savais même pas l’expliqué. J’étais incapable de bouger, incapable de réellement réfléchir, tout ce que j’avais en tête c’était elle. C’était le fait que la seule personne sur cette terre qui me donnait l’impression d’être comprit était tout ce contre lequel je luttais depuis mes premiers pas jusqu’à aujourd’hui. La manière dont je le faisais avait évolué de flic à détective privé en passant par agent de la DEA. Mais voilà… elle était là devant moi et je ne savais pas trop comment réagir. Heureusement, elle le fit avant moi. Elle se disait désoler et me tendit la main. Je n’avais pas envie d’accepter son aide, j’avais le regard rivé sur elle et cette même impression de menace que j’avais eue lors de notre dernier face à face revenait me hanter. J’avais une attirance inexplicable pour elle, mais elle était tout ce que j’avais passé ma vie à lutter, tout ce qui était en opposions avec mes valeurs et ma philosophie de vie. Comment pouvais-je me laisser amadouer par elle? Elle ferait de moi une personne que je détesterais. Je n’ai aucune volonté… en sa présence je ne suis rien de plus qu’un banal pantin. « Non merci je peux me relever tout seul. » C’était vrai, mais je m’étais rendu la tâche plus difficile pour rien. Je voulais lui donner l’impression que je ne l’aimais pas, même si en fait je ne pouvais pas nier que j’avais envie d’être avec elle. Je voulais que ça soit elle qui s’éloigne de moi, car j’étais incapable de le faire.

Je ne répondis rien à sa remarque comme quoi elle ne voulait pas froisser mon égo et que j'étais de mauvaise humeur. Mais dans les faits, c'était exactement ça le but et on dirait que ça marchait comme je voulais pour le moment. Si je pouvais continuer à ce niveau d'irritabilité tout se passerait très bien pour mon plan. « M’as-tu déjà aidé? » Répondis-je sèchement lorsqu’elle me dit que sur ce coup là elle ne m’avait pas aidé. Elle riait tout en tournant autour de moi. C’était à ni rien comprendre, qu’est-ce qu’elle voulait? « Et alors qu’est-ce que ça change pour moi? Tu sais que tu as commis un crime et surtout tu m’as empêché d’accomplir mon travail. » Répondis-je d’un ton neutre. Qu’elle ait su que je serais là ou non était sans importance sérieusement, elle l’aurait fait quand même. Et là elle repartait le manège avec sa moue triste et son visage d’enfant innocent. Elle donnerait le goût de la croire ou de la pardonner à presque n’importe qui avec ce visage d’ange, mais pas à moi. « Arrête ton petit jeu. » Me contentais-je de lâcher. Je me disais que peut-être sur la durée ça deviendrait efficace alors si elle pouvait arrêter ça m’arrangerait. Mais bon force est d’admettre qu’elle a un visage d’ange même au naturel. « Je ne suis pas un flic, je pourrais m’assurer que tu finisse en prison malgré tout. Mais je serais plutôt tenter de t’apporter à mon client. J’aurai quelque chose à lui mettre sous la dent au moins. » Répondis-je avant de lui passer les menottes.

Anivia sembla abasourdi lorsque les menottes se refermèrent autour de ses mains. Elle ne s’attendait visiblement pas à ce que j’aie la force de le faire. C’était mal me connaître, je serais capable de passer les menottes à ma propre mère si elle était encore en vie. Certes ça m’aurait fait souffrir, mais j’aurais pu le faire. Mais son petit sourire aux lèvres et les paroles qui suivirent m’irritèrent. Elle s’était même permis de s’approcher de moi pour me caresser la joue, mais je l’enlevais de mon visage. « Mais voyons, tu ne serais que l’entrée avant le repas principal. Je suis le meilleur et mes clients le savent sinon ils se tourneraient vers les flics ou mes concurrents. » Lui répondis-je très confiant. Traquer les gens c’est mon dada, son ami irait la rejoindre bien assez tôt. Elle riait maintenant, comme si toute cette situation avait quelque chose de drôle, comme si elle croyait qu’elle s’en tirerait facilement. « Peut-être qu’en fait tu me connais très mal et te fais des illusions… dans tous les cas amène toi on va faire un tour de voiture et j’ai mieux à faire que te traîner de force jusque-là. La première fois je t’ai libéré parce que je voulais te laisser une chance, mais là tu recommences alors c’est que tu n’as pas appris ta leçon. De plus, je ne suis pas intéresser par ton aide je peux me débrouiller tout seul. Surtout si ton aide à un prix, tu prenais pour acquis que je te libérerais alors il me semble que le prix aurait déjà été payé si tel était le cas. » Je me trouvais convainquant, j'arriverais même à me convaincre moi-même que j'allais faire ce que je disais que j'allais faire.

« Parce que tu n’es pas celle que je croyais. Tu m’as trompé comme tu trompes tous ceux que tu arnaques. Tu es une criminelle et moi un homme de loi, il n’y a rien à faire nous sommes incompatibles et tu es une menace pour moi et surtout pour mes concitoyens que tu escroques sans vergogne. » Elle voulait vraiment jouer la victime? La liberté contre une relation vouée à l’échec et à la descente aux enfers pour moi je trouve que c’est gagnant-gagnant non. Cette attitude, cherchait-elle à me mettre hors de moi, à me faire perdre mes moyens, à me faire craquer? En tous cas c’est sûr qu’elle essayait de mettre un foutoir dans ma tête. « Et toi tu sais très bien qu’essayer de me fuir ne te mènera à rien. Ton ami le découvrira bien assez tôt lui aussi. L’exil ou un tête à tête avec mon client sont celles seules options pour l’avenir. » C’est vrai, la seule manière de me fuir serait sans doute de quitter la ville. Je n’irais pas à sa recherche jusqu’en Sibérie. Autrement… il est cuit et elle devrait le savoir elle le disait elle-même que je suis le meilleur. Si je le voulais, elle et son ami finirait tôt ou tard par avoir un tête à tête avec mon client. Quoi que je me fou bien d’Anivia dans la mesure où j’ai son ami, pour l’heure mon plan est surtout de la donner à mon client pour avoir droit à plus de temps pour retrouver son ami. « Arrête avec tes suppositions et tes prétentions de savoir ce que je vais faire. Je vais essayer de t’expliquer les choses simplement… peu importe ce que moi, toi ou ton ami fait en ce moment, au bout du compte il se retrouvera devant mon client où il sera dans une fuite perpétuelle. Mon client en a rien à foutre de toi c’est vrai, mais si je te livre à lui ça m’achètera du temps, temps que j’utiliserai pour retrouver le débile qui te sers d’ami et qui croit vraiment avoir gagné la partie. Je suis le meilleur dans ce que je fais tu l’as dit toi-même, croire qu’il réussira à fuir, autant pour toi que pour lui, c’est une utopie. Tu peux me sauver du temps et m’accompagner pour sa capture, ou tu peux faire la tête dure et je te conduirai à mon client pour ensuite ramener ton ami à lui également. »